Les porteurs de soufre d'Ijen
Le chauffeur vient nous chercher comme prévu à 7 heures. Nous profitons tranquillement de notre dernier petit déjeuner au bord de la piscine. Nous regretterons cet endroit. Nous sommes six à faire partie du voyage. Les deux lyonnais, Hedy et Amel, deux belges flamands, Laurenz et sa copine qui a un prénom trop compliqué à se rappeler, moi et le chauffeur, Hadi qui ne parle pas un mot d'anglais. Habituellement, tous les touristes partent vers minuit pour être sur place au lever du soleil. Mais nous, ça ne nous intéressait pas plus que ça. On préfère prendre notre temps. C'est quand même les vacances. L'avantage de partir si tard, c'est qu'on peut admirer les paysages que traversent la route. Et c'est une route de montagne magnifique. Nous croisons souvent des groupes d'enfants qui marchent au pas sur la route. Sans doute pour préparer leur défilé. Nous faisons une pose à mi-chemin pour prendre un café sur un belvédère avec un point de vue superbe sur le massif volcanique d'Ijen. Puis, nous arrivons en fin de matinée à l'entrée du parc. De là, il faut grimper à pied une bonne heure pour atteindre le cratère. Sur le chemin, des centaines de porteurs descendent des gros blocs de souffre. Soit sur leurs épaules, environ 60 kilos chacun, soit dans des petites carrioles avec des freins pour ne pas se laisser emporter par la pente. Certains nous montrent leurs épaules endolories par le poids des blocs. Ils font plusieurs aller-retours par jour. Ils sont payés au kilo. Un bon porteur peut bien gagner sa vie. Chaque fois qu'on en croise un, il tente de nous vendre un joli petit morceau de souffre pour arrondir ses fins de mois. La montée est très jolie mais le soleil tape pas mal. Lorsque nous arrivons enfin là-haut, le spectacle est impressionnant. Un immense cirque avec en contrebas un lac vert turquoise. Il faut mettre un masque car le nuage toxique de soufre attaque facilement les poumons. Amel, Hedy et moi montons jusqu'à un petit sommet pour voir la vue plongeante sur le lac. Les porteurs descendent en bas du cratère pour découper les blocs de soufre. Nous restons là un moment à contempler ce paysage fabuleux. On a vraiment bien fait de venir. Les belges sont redescendus il y a une heure. Nous décidons donc de retourner à la voiture pour ne pas les faire attendre trop longtemps. Il y a une belle mer de nuages vers Banyuwangi. C'est là que nous devons nous rendre pour prendre notre bateau pour Bali. La végétation de ce côté du versant est bien plus luxuriante. Il parait qu'il pleut très souvent ici, les nuages étant bloqués par la montagne. Pour déjeuner, nous trouvons un joli petit resto au bord de la route. J'ai choisi un plat au hasard. On m'apporte des espèces de croquettes à tremper dans une sauce. C'est étonnant mais pas mauvais du tout. Il faut une bonne heure pour rejoindre le port. Le chauffeur nous dépose à l'embarcadère du port. On le remercie et lui disons au revoir. Le bateau part juste au moment où nous arrivons. Ils redescendent la barge pour nous laisser monter. La traversée dure à peine une heure. On a l'impression de quitter un pays pour en retrouver un autre. Les belges nous quittent car ils ont trouvé un bus qui les emmène directement à Denpasar. Nous, on ne sait pas trop bien où on veut aller. Les dernières journées ont été tellement riches en événements qu'on a pas vraiment eu le temps de se préparer. Amel et Hedy décident d'aller jusqu'à Seminiak pour retrouver des amis qui passent leurs vacances là-bas. Moi, j'opte plutôt pour Ubud. De toute manière, il faut passer par Denpasar pour s’y rendre. Nous allons donc à la gare routière. Nous attendons un bon petit moment car le chauffeur attend que son minibus soit complet. A Bali, il y a une heure de plus qu'à Java. Il est huit heures et on nous annonce 4 heures de trajet. Pour à peine 100 kilomètres, ça nous parait beaucoup. Le chauffeur est incroyable. Il s'arrête tout le temps. Soit pour regonfler ses pneus, soit pour faire une offrande dans un temple hindou, soit pour acheter des clopes. À ce rythme, on est pas rendu. Je calculé que ça me ferait arriver très tard à Ubud. Je décide donc de m'arrêter à mi-chemin. Je regarde vite le Lonely pour trouver un lieu pas trop paumé. Il y a Balian Beach, au bord de la mer. Je lis qu'on peut trouver à cet endroit des petits hôtels sympas au bord de la plage. Je dis donc au revoir à mes amis lyonnais. Mais on compte bien se revoir bientôt. Ils sont vraiment très sympas. Le minibus m'arrête donc en pleine nuit au milieu de nulle part. Je me renseigne d'abord dans un hôtel au bord de la route mais il est trop cher. Le gardien m'accompagne en moto à un second, puis un troisième, puis un quatrième, tous hors de prix. Je commence à désespérer mais on finit par trouver une petite chambre chez l'habitant. C'est pas le grand luxe mais ça suffira pour cette nuit. On entend le bruit des vagues. La mer doit être juste devant. Ce fut une journée bien remplie.