Le col de Puncak
Je suis réveillé en sursaut à 3 heures et demi du matin par le muezzin. Mais il est fou ce type. Il ne dort jamais ? Quel est l'intérêt d'emmerder tout le monde si tôt ? Pas la peine de s'énerver. On va le laisser finir ses incantations et on se rendormira après. Je m’aperçois qu'il y a au moins une vingtaine de moustiques collés au voile de ma moustiquaire. Ils regardent sûrement le rosbeef à travers le grillage. Il y en a même un qui a réussi à rentrer à l’intérieur. La chasse est inégale, il ne peut pas s'échapper. Je lui règle son compte rapidement. Je me lève vers 8 heures. Le café et le thé sont offerts. J'en profite pour m'en servir deux tasses. C'est du café moulu. Comme il n’y a pas de filtre, il faut laisser reposer le marc au fond du verre avant de le boire. Sinon, on mange plus qu’on ne boit et c'est pas terrible. Je discute avec un type de l'hôtel qui me propose de m'emmener jusqu’à Cibonas en moto. Il va là-bas pour voir de la famille. Je lui explique que pour rien au monde je ne monterai à l'arrière d'une moto. Si je ne conduis pas, je flippe. Surtout quand on voit comment roulent les gens ici. Je veux me rendre vers l'est mais je ne sais pas trop bien où. Mon objectif est de me rendre à Pangandaran au bord de mer, sur la côte sud. Mais c'est assez loin. Il faut que je trouve un point de chute au milieu. Et le Lonely n'indique rien de folichon. En tout cas, pas question de rester une journée de plus à Gobor. J'en ai fait le tour. Et cette ville est trop bruyante pour moi. On me déconseille de partir aujourd'hui sur la route qui va à Bandung. Nous sommes dimanche et il y aura, comme chaque dimanche, des bouchons énormes. Les gens de Jakarta viennent en masse passer le week-end dans la montagne où il fait plus frais qu’à la capitale. Ça provoque des bouchons monstrueux. Tant pis, je le tente quand même. Et puis, c'est une expérience comme une autre. Mon sac fait, je vais chercher un minibus à pied. C'est de l'autre côté du parc. Je passe devant le marché, bien animé. Les odeurs ne sont pas toujours très bonnes. Un mélange de refoulement d'égout et de légumes pourris. Un marché sous les tropiques quoi. À force de demander aux passants où je peux trouver mon minibus, je me retrouve à la sortie de la ville. Au loin, un type à côté d'un minibus blanc me fait signe. Il va à Cianjur et passe donc par le col de Puncak. C'est parfait pour moi. Il attend encore quelques passagers, puis c'est parti. J'ai pu négocier une place à côté du chauffeur, près de la fenêtre. C'est l'endroit idéal pour prendre des photos. Au début ça roule plutôt bien. Je me dis que le type de l'hôtel avait peut-être exagéré. Mais dès qu'on attaque la montagne, les choses se compliquent. C'est bouché dans les deux sens. Il y a quatre files de bagnoles sur une route à deux voies. C'est l'enfer. Ça n'avance presque pas et ça pue. Notre chauffeur joue des coudes et passe sur les bas côtés. Gonflé le mec. Les motos slaloment entre les voitures. C'est l'anarchie complète. S'il ne faisait pas si chaud, ça pourrait être marrant. Au bout d'une heure, ça se débloque dans notre sens. La montée jusqu'au col est relativement fluide. Par contre, pour nos amis qui redescendent de l'autre côté, c'est une autre affaire. Ils sont carrément stoppés. Dix kilomètres de bagnoles à l'arrêt. Impressionnant ! Bonne chance les gars ! Plus on monte, plus il faut frais. J'avais l'intention de m'arrêter au col pour me balader un peu mais vu le nombre de gens là-haut, j'abandonne l'idée. Puisque le minibus va jusqu'à Cianjur, c'est là que j'irai. Il n'y a pas grand chose à y faire mais ça m'avancera. Le paysage change un peu. On voit enfin des plantations de thé et des rizières. Le chauffeur me dépose à l'hôtel Leindel, sur la route principale. Les chambres sont assez sommaires mais elles donnent sur un joli petit jardin. On entend certe le bruit de la route mais l'endroit a son charme. Je vais quand même à jeter un coup d'œil dans l'hôtel plus récent situé un peu plus loin. En chemin, je m'arrête déjeuner dans un grand restaurant indonésien. Comme il est est déjà 16 heures, il n'y a plus personne. Mais ils acceptent quand même de me servir. On me prépare un excellent poisson grillé accompagné de riz blanc et d'une sauce au piment. Délicieux. Puis je me rends à l'autre hôtel. Il est certe plus moderne mais n'a aucun charme. Les chambres n'ont même pas de fenêtre. Le garçon m'explique qu'en général, on ne vient ici que pour dormir. Alors les fenêtres, ça ne sert pas à grand chose. Bref, je ne suis pas emballé, je retourne au premier. Il n'a pas la clim et l'Internet mais il est quand même plus sympa et en plus beaucoup moins cher. J'ai droit à une immense chambre au premier étage avec vue sur le patio. Le bruit de la route finira bien par se calmer.